1917, la Fayette nous voilà ! (2017)
Genre : Documentaire
Durée du film : 52 minutes
Réalisateur : Gregory Laville et Jean-Yves Le Naour
Auteurs : Jean-Yves Le Naour
Coproducteur : ECPAD
Avec le soutien du CNC, de France Télévisions, et la DPMA.
Ce film a reçu la labellisation de la Mission du centenaire de la Première Guerre Mondiale
Le 14 juin 1917, par un temps brumeux, le premier convoi de soldats américains quitte le port de New-York pour rejoindre la France. Son arrivée à Saint-Nazaire, le 26 juin, a été tenue secrète, par crainte de l’espionnage et des sous-marins allemands, mais très vite la rumeur se répand et les Français accourent : voilà les Américains ! Quelques jours plus tôt, le général Pershing, chef du corps expéditionnaire, avait débarqué à Boulogne-sur-Mer et, se recueillant devant la tombe du marquis de La Fayette, héros de l’indépendance américaine, prononce cette phrase : « La Fayette, nous voilà ! »
L’entrée des Etats-Unis dans la Première Guerre mondiale aux côtés des Français est cependant bien plus que le paiement d’une dette historique. Pour que l’Amérique sorte de son isolationnisme et de sa traditionnelle neutralité, il a fallu que ses intérêts vitaux soient menacés. Alors que le président Wilson cherchait à se poser en arbitre et en faiseur de paix, les Allemands l’ont provoqué en pratiquant une guerre sous-marine à outrance que le commerce américain ne pouvait pas accepter.
Il ne s’agit pas pour autant uniquement d’un film de guerre. L’intervention américaine, c’est aussi la rencontre entre l’ancien et le nouveau monde, la découverte de la France (et des Françaises) par les Doughboys, la découverte du jazz avec l’orchestre de James R. Europe qui accompagne les Boys, la découverte d’une nation qui, pour être coloniale, n’est pas ségrégationniste, ce qui soulève l’enthousiasme des Afro-américains si maltraités dans leur propre pays. C’est aussi la révélation de la puissance américaine, la mise en branle de son appareil industriel au service de la guerre, la mobilisation de ses banques, de ses hommes et le moment d’une intense propagande patriotique. Pourtant, contrairement à ce que suggèrent les opérateurs cinématographiques qui ne cessent de vanter la puissance, la jeunesse et la vitalité des enfants de l’Oncle Sam, le rôle de l’armée américaine dans la victoire de 1918 est marginal. Les services cinématographiques de l’armée, en montrant l’énergie, le matériel, des soldats souriants et sûrs d’eux-mêmes, dissimulent en effet la pagaille d’un commandement qui ignore les réalités de la guerre des tranchées. De toute façon, l’ambition du président Wilson est ailleurs : elle est politique. Placer les Etats-Unis au centre du jeu politique et diplomatique mondial. 1917 est bien une de ces dates qui font trembler le monde : plus rien ne sera jamais plus comme avant.